Accepte-toi comme t’es !
« Tu ne me donnes pas d’ordre, ok ? Je fais encore ce que je veux !
Et si je n’ai pas envie ? »
Ces phrases sont à peu près celles qui me viennent lorsque je lis ces espèces d’injonctions détournées dont déborde le développement personnel ! Quel est cette mauvaise habitude d’utiliser l’impératif ? J’ai appris à l’école qu’on s’en servait surtout pour donner des ordres…
Quelque chose d’autre que le fait d’ajouter des mots inutiles dans le dictionnaire aurait changé à l’académie française ?
J’aime beaucoup le développement personnel et j’aime beaucoup les personnes qui mettent
de l’énergie à faire avancer notre société tout en cassant les préjugés, mais ce que j’adore par-dessus tout, c’est la mesure et la liberté du choix !
Il semblerait que ces deux derniers éléments se soient perdus en cours de route pour laisser place au règne de l’extrême. Je me sens agressée de tous les côtés en tant que femme : t’épiler c’est subir la pression sociale, te maquiller c’est ne pas accepter ton physique, avoir des habits à la mode c’est participer au diktat, etc…
Pour faire simple il vaudrait mieux nous dire : « Eve, cette femme qui mangeait des pommes dans son jardin d’Eden, c’est ELLE le modèle ! Supprimons les habits et l’hygiène, retournons aux sources ! » Depuis cette multiplication des défenderesses du naturisme, je me sens coupable tout le temps !
Quoi que je fasse, c’est un crime de la non-acceptation de moi !
D’ailleurs, chaque fois que je vais chez mon esthéticienne, je me pare d’un manteau noir, de lunettes noires et je pense acheter une cagoule, parce qu’en hiver ça peut encore passer inaperçu ! Et lorsque j’en sors, je regarde dans la rue si personne ne s’apprête à m’attaquer à coup de sauts de peinture pour avoir succombé à la pression sociale !
En même temps, c’est avec des poils que je me sens pas bien, alors je ne sais pas trop comment faire : ne pas subir la pression sociale et me sentir mal, subir la pression sociale et me sentir à l’aise ?
Et puis, pourquoi j’écris ce mot depuis tout à l’heure : subir ?
Je ne vis absolument pas cela de cette manière en réalité ! (je crois que je suis faible et que tous ces messages que je lis ont investi mon cerveau sans mon consentement)
Ces moments chez l’esthéticienne, le coiffeur, la styliste ongulaire, sont les seuls moments durant lesquels je m’arrête complétement, je lâche tout et me recentre sur moi ! Ils ne sont pas des contraintes, ils sont essentiels à mon bien-être ! Je pourrai faire tout ça moi-même, certes, mais je vais chez des professionnelles chaleureuses, drôles, dont les énergies me font tout autant de bien que leurs soins ! Et le jour où je n’aurai plus les moyens, j’arrêterai, tout simplement. (mais je compte devenir riche, ce jour n’arrivera donc jamais !)
Je ne modifie pas qui je suis, je n’ai jamais subi d’opérations, mes seins sont vrais (gardez le secret svp), je porte mes propres cils, ma graisse me tient chaud en hiver puisque je ne suis pas liposucée et
mes rides me vont plutôt bien. (c’est ma copine « Modesta » qui a parlé, c’est une des femmes qui habite avec moi, dans ma tête…)
Pour conclure, j’aimerai rappeler qu’il n’y a pas de mal à se faire du bien et que nous avons toutes le choix « d’être », tout simplement ! Si t’es ok au naturel, moi je trouve ça génial et je te félicite ! Mais ne viens pas juger ce que moi je fais. Discutons, partageons nos points de vue, j’adore ça !
Si t’as besoin de tes moments « beauty », vas-y, c’est bon pour le moral aussi ! Tant que le résultat de tes actes n’a pas pour résultante les cris de tes parents qui ne te reconnaissent plus, c’est que t’es dans le juste milieu ! Voilà, il est là le vrai combat : celui pour le juste milieu !
Aller, ne nous préjugeons pas entre nous !
Esthétiquement vôtre ! Karine
Ps1 : mes chroniques sont écrites avec humour, cependant je salue la détermination de toutes celles qui se battent pertinemment et de manière cohérente pour nos droits !
Ps2 : quand je serai dans la prison des femmes qui s’épilent, pourriez-vous m’amener du chocolat ? Du noir de préférence, merci !
© Annahstasia Enuke in a Nike advert. Photograph: Instagram/nikewomen
Karine Leresche
Instagram : @une_armee_de_resilients