La prisonnière de la mer – Elisa Sebbel
Mise en garde :
il avance au rythme de l’Histoire, à lire dans son cocon, au calme.
Citation :
« Mon désir me dictait une voie que ma raison contredisait. La volonté est souvent plus forte que les sentiments. Pourtant les émotions sont-elles aussi aveugles ? Ne constituent-elles pas la manifestation d’une réalité qu’on voudrait se cacher ? »
Karine Leresche (Instagram : une_armee_de_resilients)
Infos techniques :
Auteure : Elisa Sebbel
Editeur : Le Livre de Poche Sortie : mai 2021 en poche
La prisonnière de la mer
De l’Histoire et une romance
Elisa Sebbel, Docteur en littérature française, enseignante et chercheuse dans une université, offre ici un roman historique se basant sur des faits réels issus des guerres napoléoniennes.
En 1809, environ 5000 prisonniers français sont transférés sur une île des Baléares alors qu’ils pensaient être rapatriés en France. Parmi ces milliers d’hommes, seules 21 femmes font partie de cette future communauté qui devra organiser sa survie malgré la petitesse de l’île et le peu de ressources qu’elle offre. Dans ce petit groupe de femmes, se trouve Héloïse, jeune vivandière de 18 ans dont le mari est décédé du tifus durant les mois de trajets vécus restreints dans la cale d’un bateau.
Héloïse oscille entre ses rêves d’avenir et le désespoir de la situation. Jeune femme fragile au milieu de tant d’hommes, après avoir été abusée, elle se laisse courtiser par le gentil Docteur Henri qui lui offre sa protection sous couvert d’une relation à sens unique. En même temps, ces hommes et quelques femmes, vivent entre l’espoir d’une liberté à venir et le dépit, le découragement de voir le nombre de morts augmenter au vu de la précarité dans laquelle les espagnols les ont laissés.
Héloïse est touchante, attachante, ses réflexions, ses rêves, ses émotions ne sont pas si étrangers aux nôtres, bien que plus de deux siècles se soient écoulés. Sa force, sa générosité et son courage la rendent admirable, son cœur qui trahit sa raison renvoie une image profondément humaine de cette femme à qui l’on a tout pris.
Ce livre, à la fois historique et romancé, offre une fenêtre réelle sur notre passé, ses événements et la condition des femmes il y a environ 200 ans. Le côté historique est amené finement, on apprend tout en découvrant des personnages incroyables mis en reliefs par des conditions de vie déplorables. Il n’est ni rébarbatif, ni moralisateur, il est authentique malgré la partie fictive de la vie d’Héloïse.
Son rythme varie entre moments intenses et calmes, au gré de la mer qui donne le ton de la vie de ces prisonniers. Il permet ainsi au lecteur de vivre pleinement chaque émotion, d’intégrer chaque information puis de les digérer en douceur malgré la dureté que cela peut évoquer. Le style est travaillé, mature. Les mots choisis sont justes, issus d’un vocabulaire très riche. Les longues descriptions sont si détaillées qu’elles permettent au cerveau de créer une image des lieux précise et réaliste.
Apprendre l’Histoire, s’en imprégner est nécessaire : comment mesurer le chemin parcouru sans cela? Les combats gagnés ? Comment ne pas reproduire les mêmes erreurs si nous ne pouvions nous appuyer sur le passé ? Il est de ces livres très forts qui ramènent le lecteur dans sa réalité. Il permet de se repositionner, de prendre du recul et de se cultiver pour développer son esprit critique.
Finalement, c’est avec une envie d’un « après » que nous terminons cette lecture. Elsa Sebbel nous fera-t- elle le cadeau de nous proposer la suite des aventures d’Héloïse ?
En lisant la prisonnière de la mer, vous nourrirez votre âme, tout en laissant votre cœur se soulever au rythme de celui d’Héloïse !
Karine Leresche
Instagram : @une_armee_de_resilients